Tu fais quoi le week-end prochain ?

Voici la question « piège » que Julie m´a posé un jour entre deux créations de circuits…
Après une petite hésitation, je réponds que je suis libre. « OK, alors, si tu es d´accord tu pars dans le Chocó, sur la côte Pacifique ! ». Mais bien sûr que je suis disponible Julie ! Même si j´avais eu un cours de salsa privé avec Shakira ou encore un concert de Carlos Vives prévu, j´aurais tout annulé !
Partir en « reco » c´est un peu la cerise sur le gâteau de notre métier… Et partir dans le Chocó c´est juste un rêve qui devient réalité !

C´est parti !
Ça y est, j´arrive au petit aéroport de Medellin, seul point d´embarquement pour le vol à destination de Ñuqui. Dans le Chocó, pas de route, le seul moyen de s´y rendre c´est par avion (ou plutôt avionnette !)
Le voyage commence dès maintenant : l´avion ne peut contenir que 18 personnes (pilote et co-pilote compris !). On pèse tout avant de monter : les bagages en soute, les sacs à mains… et même nous ! On fait chauffer les hélices, le temps de faire connaissance avec son voisin et le pilote (16 passagers et pas de cockpit fermé… forcément les liens se créent plus vite !).
On décolle : très vite, la ville de Medellin disparait pour laisser place à cette immense forêt vierge dont les seuls points de repère sont ces cours d´eau puissants et quelques villages d´indigènes Emberas disséminés ici et là.

Après 30 minutes de vol, nous apercevons l´Océan Pacifique et la ville – ou plutôt le village – de Ñuqui. L´aventure peut commencer !
Dès notre arrivée on est mis dans l´ambiance : on se change avec vêtements de circonstance (chaussures de randonnées, K-way, etc…) puis on rejoint le port à pied pour la suite de notre voyage cette fois-ci en bateau… !
Les paysages de la Côte Pacifique sont à couper le souffle… On a l´impression d´être dans un film de Spielberg : plages immenses immaculées, la jungle qui se jette dans l´océan avec cette brume persistante qui donne un aspect magique et mystérieux à cet univers…

Robinson Crusoé des temps modernes
Nous arrivons au lodge, complètement exclavé entre jungle et océan : on se sent tel Robinson Crusoé ! Nous sommes bien « seuls au monde » dans ce coins de paradis…
Ici le temps semble s´être arrêté : pas de réseau mais on déconnecte très vite… L´ambiance du lieu nous transporte dans un autre monde ! Cependant, je suis ici pour découvrir la région et Pozo, notre hôte, m´a prévenu : la Côte Pacifique ce sont les baleines mais pas que ! Et il a raison : il m´explique les nombreuses randonnées et activités toutes différentes les unes des autres qui s´offrent à nous… Je n´aurais jamais le temps de tout voir et faire en seulement 4 jours… ! Je me mets donc en route immédiatement pour ma première marche au cœur de la jungle…

Jungle, rivières, cascades, sources thermales et plages immaculées
Cette première randonnée me plonge directement dans l´ambiance : mon guide trace le chemin à l´aide de sa machette, la végétation est tellement dense que celui-ci s´efface derrière nous… Mais l´assurance de « Flaco » me met en confiance, il connait cet endroit comme sa poche. Il en profite également pour me faire découvrir la végétation locale et les divers traitements et dérivés naturels que les locaux utilisent dans leur vie quotidienne : sève des arbres, feuilles, insectes, etc…
Etant une région très reculée et difficile d´accès, vous serez surpris par l´ingéniosité des « chocoanos », qui se transmet encore de nos jours aux nouvelles générations !

Mais le Chocó ce n´est pas seulement la jungle et des plages à perte de vue, ce sont aussi de magnifiques cascades qui viennent souvent ponctuer les marches et offrent un moment de détente et de rafraichissement… La « Cascade de l´Amour », la « Cascade têtue » tous portant des noms plus évocateurs les uns des autres !

Ce sont aussi des merveilles, cachées des yeux de tous : des sources thermales, des balades en canoë pour s´enfonce au plus profond de la jungle : ici aucun doute la nature est reine !

C´est aussi la découverte de tous petits villages, perdus entre les palmiers, dont les habitants vous reçoivent chaleureusement. Dans l´un d´entre eux d´ailleurs, je suis accueillie par la « Doña », 1m50, 87 ans et presque toutes ses dents ! Elle part me décrocher une « coco niño », noix de coco pas encore mature, que je prends le temps de siroter tout en discutant avec elle. Les enfants jouant au foot ou pratiquant le surf, les femmes en train de jouer aux cartes à l´ombre des palmiers, les hommes arrangeant les façades des maisons et plantant toutes sortes de fleurs tropicales…
La douceur de vivre est bien présente ! Je comprends mieux maintenant les Colombiens se moquant gentiment des habitants du Chocó et de « l´heure chocoana » : ici, tout tourne au ralenti !

Voilà, mon voyage arrive à sa fin… Demain matin je dois retourner à la civilisation, avec un petit pincement au cœur… Quelques jours de plus dans ce coin de paradis n´aurait pas été de refus ! Histoire d´explorer encore plus les environs ou de m´essayer au surf, dont les plages de la région sont réputées pour être les meilleurs spots du pays !

Mais toute bonne chose a une fin…. Hasta pronto Ñuqui !

Et les baleines dans tout ça ?
Bien que ce n´était plus la saison quand j´y suis allée, j´ai eu la chance d´observer quelques baleines retardataires, accompagnées de leurs nouveau-nés. Avec bébé, pas possible de longer la côte aussi rapidement et de nombreuses poses à la surface sont nécessaires pour respirer… Un gros avantage pour nous humains, nous pouvons profiter du spectacle ! Mais attention, ici la baleine est un animal sacré, voir mythique… On ne fait pas n´importe quoi !
Pozo m´explique qu´il y a encore 20 ans, les habitants de la côte en avaient peur : ces monstres marins obligeaient les pêcheurs à quitter leur bateau pendant 3 mois et se rendre dans la jungle pour chasser. L´eau qu´elles crachaient de leur crâne était un avertissement : elles étaient en colère et voulaient protéger leur Océan.
Aujourd´hui les baleines fascinent plus qu´elles n´effraient, mais on les respecte : nous sommes « chez elles », dans leur univers…. Nous les observons mais de loin. Ce respect de « l´autre », de cet animal tant majestueux, rend cet instant encore plus magique…