Mystérieuse, envoûtante, éclatante, inspirant la passion.

Ce n’est pas Frollo qui prétendra le contraire, ni même Quasimodo. Et ce n’est sans doute pas un hasard si Victor Hugo a donné à son héroïne le nom de cette pierre précieuse, symbolisant l’amour, la fidélité, l’espérance ou encore l’harmonie : l’émeraude.

Il y a loin pourtant de l’univers de Notre-Dame de Paris à celui des mines d’émeraude colombiennes, découvertes, ou plus exactement redécouvertes, par les conquistadors du XVIe siècle.

La Colombie est aujourd’hui, de très loin, le premier producteur d’émeraudes : avec 55% de la production mondiale (soit 3,4 millions de carats en 2011) elle devance la Zambie (15%), le Brésil (12%), la Russie (4%), le Zimbabwe (3%) et Madagascar (3%).

Grâce à la découverte récente d’une mine à ciel ouvert, la Zambie s’apprête à supplanter la Colombie sur la première marche du podium. Mais seulement pour ce qui est du volume. Car pour ce qui est de la qualité1 , les émeraudes de Colombie sont incontestablement supérieures : plus grandes que n’importe où ailleurs2, leur pureté est inégalée, et leur couleur incomparable3 .

La ceinture des gisements d’émeraudes

Les principaux gisements colombiens sont répartis sur deux zones (ou districts) qui se situent sur une faille géologique allant du nord au nord-est de la capitale, Bogotá, et à cheval sur deux départements, le Boyacá et le Cundinamarca.

La mine la plus importante du district oriental est celle de Chivor. Dans le district occidental, la mine de Muzo surpasse les autres pour la quantité, la dimension et la splendeur des gemmes qui en sont extraites4 .

La concession de ces mines a été cédée par l’Etat à des sociétés privées, qui les exploitent au gré de leurs intérêts, de façon encore artisanale. La mécanisation est balbutiante et les conditions de sécurité sommaires dans les galeries étroites et instables où les mineurs travaillent huit heures par jour sous des températures étouffantes.

Mais plus que l’archaïsme de ces conditions d’exploitation, ce qui saisit lorsqu’on se rend sur place, c’est cette armée de petites gens qui s’affairent dans l’anarchie la plus totale aux alentours des mines dont l’entrée est soigneusement gardée. Ces mineurs informels, surnommées « guaqueros » (chercheurs de trésors) viennent de tout le pays, parfois en famille, attirés par le fantasme de devenir millionnaire en un seul coup de pioche, celui qui leur permettra de découvrir LA pierre qui change un destin5 .

 

Mais plus que l’archaïsme de ces conditions d’exploitation, ce qui saisit lorsqu’on se rend sur place, c’est cette armée de petites gens qui s’affairent dans l’anarchie la plus totale aux alentours des mines dont l’entrée est soigneusement gardée. Ces mineurs informels, surnommées « guaqueros » (chercheurs de trésors) viennent de tout le pays, parfois en famille, attirés par le fantasme de devenir millionnaire en un seul coup de pioche, celui qui leur permettra de découvrir LA pierre qui change un destin5 .

Ils fouillent sans relâche les déchets minéraux évacués dans les cours d’eau, et la nuit venue, ils s’aventurent parfois sur le périmètre des mines officielles pour creuser directement le flanc des montagnes.

Les guaqueros relèvent de l’illégalité la plus complète. Mais pas plus les services de sécurité des mines que les forces de l’ordre ne sont en mesure d’empêcher leur présence, qu’ils n’ont d’autre choix que de tolérer. En contrepartie, les quaqueros sont bien seuls au moment d’affronter les nombreux risques liés à leur activité : éboulements, explosions, chutes ou bandits armés.

Ce n’est plus le Far West

Car les régions des mines ont évidemment et depuis longtemps attisé la plus grande convoitise. La région était, il n’y a pas si longtemps, un véritable Far West, théâtre d’affrontements violents entre groupes rivaux : guérilleros, milices, trafiquants … aux objectifs et motifs distincts, mais tous fortement armés et désireux de prendre le contrôle du lucratif commerce vert.

La situation a radicalement évolué depuis que le gouvernement a gagné la longue bataille qu’il a menée seul contre tous les groupes armés. On peut par exemple désormais visiter ces mines, ce qui était impensable il y a encore dix ans. On prendra toutefois les plus grandes précautions, et on fera impérativement appel à un guide pour se rendre sur place. Si cette ambiance est définitivement trop sulfureuse à votre goût, vous pourrez tranquillement visiter le musée des émeraudes inauguré en 2008 à Bogotá. Bien conçu, il permet d’admirer des pièces naturelles, d’autres taillées et même une reproduction de mine.

 

Le tour des émeraudes à Bogota

Lors de votre séjour à Bogota, nous pouvons organiser une promenade exclusive dans l’univers des émeraudes colombiennes. Accompagnés d’un guide « expert », vous parcourrez les rues de de la capitale, à la rencontre des revendeurs et artisans. En visitant les ateliers de transformation et les boutiques, vous apprendrez notamment à reconnaitre les belles pierres. Contactez-nous !

1 La qualité d’une émeraude est basée sur trois critères : sa couleur (critère le plus important), sa pureté, et sa taille.

2 Le poids moyen des émeraudes colombiennes varie de 40 à 200 carats, ce qui en fait les plus grosses de la planète.

3 Résultat de la présence de particules de chrome dans le béryl, minerais dont les émeraudes sont constituées.

4 Une émeraude exceptionnelle de cinq livres et 11.000 carats y a par exemple été découverte en 1999.

5 Une émeraude de 20 carats peut atteindre 600.000 dollars sur le marché.

6 Sur des territoires aussi vastes, il faudrait disposer d’effectifs nettement plus nombreux pour empêcher l’accès aux abords des mines : les forces de l’ordre, privées comme publiques, se contentent d’assurer la surveillance des mines officielles.